25 mars 2007

Un geste citoyen et écologique

Beaucoup de nos prestataires de services nous proposent un geste citoyen et écologique : la facture sur Internet !
Et c'est un nouveau service gratuit !
Jouer sur la fibre citoyenne et écologique c'est vraiment d'actualité, et encore ils ont oublié de passer une couche de développement durable.
Alors regardons de plus près cette offre gratuite.
Principe de base à peu près reproduit par tous :
- tu es abonné sur prélèvement automatique et tu disposes d'une adresse email (!)
- tu reçois un mail pour annoncer la facture
- tu te connectes (elle est où ma connexion ?)
- tu imprimes ta facture si tu veux la conserver
... si t'es pas d'accord avec la facture - je te laisse imaginer !
Alors admettons que tout baigne : tu as été super citoyen écologique.
Et tu te mets à réfléchir. "Non, je peux ???" - "Si, si, tu as le droit".
Et eux de leur côté, qu'ont-ils fait ? Ils ont joué super société citoyenne écologique ?
Surement : ils n'ont pas imprimé ta facture, ils ne l'ont pas mise sous pli, ils n'ont pas affranchi ce pli ... et je te rassure, le mail ils ne te l'ont pas écrit personnellement, il est sorti automatiquement, comme ta facture d'ailleurs.
Ouais, çà c'est du progrès, et sans rire, çà s'inscrit bien dans le développement durable (comment leurs conseillers en communication ont-ils fait pour oublier cette fibre sensible ?).
Mais cette poudre aux yeux ne dois pas t'empêcher de continuer un peu à réfléchir : car dans tout çà, ce sont de supers économies... pour eux !
Et tu te demandes où est la relation gagnant-gagnant ? Mais tu rêves, tu veux pas qu'ils partagent avec toi ce que tu as dépensé à leur place: ta connexion, ton papier, ton encre, ton temps, ...
Ils te l'ont dit : c'est un service gratuit !!! Ouf ! Encore un peu et tu payais.
L'administration fiscale te file bien quelques euros quand tu fais son boulot avec la télédéclaration d'impôts (pas assez à mon goût - d'autres pays font 50-50 sur l'économie réalisée), mais nos pauvres prestataires privés : que nenni, démerd a zot !
Alors t'es citoyen écolo juste pour qu'ils se goinfrent un peu plus. Je t'incite à faire comme moi, les appeler - ou leur envoyer un mail ! - pour leur demander ce que j'ai à gagner en contrepartie : une réduction à mon abonnement, un service offert (un vrai svp),... ? Je leur fais remarquer que je suis un client qui coûte moins cher à gérer qu'un autre puisque j'assume une partie du travail ou leur évite des dépenses.
Ne t'attends pas à beaucoup de réponse par mail, mais si tu le fais par téléphone ... alors là tu vas te rouler par terre.
Leurs téléacteurs ne savent même pas quoi répondre (le pourraient-ils d'ailleurs ?). Ils te disent que "ce n'est pas exact car ils ne payent pas l'affranchissement, la preuve : il n'y a pas de timbre sur l'enveloppe" (je peux citer des noms), que "t'as la facture plus vite" (la belle jambe puisque avec la même date de prélèvement),et même ... que "si tu fais pas c'est que t'es pas citoyen écolo !".
J'ai la fibre citoyenne, écolo et je joue tous les jours avec les procédures électroniques : mais je garde aussi à l'esprit que les bénéfices doivent être partagés, ou transformés en avantages réels sinon je serais comme eux, partenaire de l'écolo-économie à sens unique.

03 mars 2007

La Gamède mède mède ... et les bidons don don !

Cette phrase sur un air connu est d'un auditeur anonyme d'une radio libre bien connue de l'Île et elle m'a beaucoup plu !
Oui, les bidons vont servir encore longtemps après le passage de Gamède, le temps que soient rétablis tous les approvisionnements en eau qui ont souffert.
En débutant par déplorer les pertes humaines que nous avons vécu, je ne m'étendrais pas longtemps sur les décisions officielles "on ferme la route, on ouvre la route, c'est pas du niveau alerte rouge mais çà y ressemble pour les connaisseurs,...", voyons plus loin, c'est plus important et çà durera plus qu'un préfet - on les use très vite à La Réunion J - puisque çà se reproduira, ce n'est pas comme eux qui sont vite "appelés à d'autres fonctions".
Oh, la canalisation a été arrachée ! Oh, les fils sont tombés ! Oh, il n'y avait qu'un pont ! Oh, il n'y a qu'un dépôt pétrolier ! Oh, tout passe par le Port !
Mais on découvre la Réunion ou quoi ? On se réveille enfin ?
Si cela pouvait être vrai.
Un exemple parmi d'autres : il y a plus de 30 ans que les principes des stocks de produits pétroliers de sécurité ont été instaurés en France. Ils ne semblent pas avoir été mis en place à La Réunion, on parle même d'étendre la capacité du dépôt de la Pointe des Galets !
Pour avoir travaillé dans ce secteur dans des pays au climat et aux routes encore plus hostiles que les notres, je peux vous dire qu'y pallier n'est pas un chantier pharaonique ! Un dépôt intermédiaire côtier pour une desserte locale n'a même pas besoin de port, le tanker caboteur reste à moyenne distance du rivage et pousse le produit avec ses propres pompes au travers d'un flexible le reliant au dépôt.
Les transporteurs longue distance ne seraient même pas réduits au chomage technique puisque l'on peut continuer l'approvisionnement par noria de camions quand c'est pratiquable (ou la nuit) - c'est le cas des produits "nobles" (les lobbies pétroliers n'osent pas dire "chers" comme pour le sans-plomb et ils ne veulent pas en perdre une goutte dans les tuyaux).
Qu'attend-on pour en implanter au Sud, au Nord-Est (desserte de Gillot !) ?
Et des emplois pérennes de créés pour l'exploitation, payés facilement sur l'économie globale qui part autrement en fumée sur les routes encombrées ou impraticables.
Mieux encore, pour des opérations d'urgence, des bacs souples de grande contenance existent qui peuvent être remplis de la même façon le temps que les moyens de communication soient rétablis.
Et pour tout le reste qui pose problème, les simulations de fonctionnement en mode dégradé ? C'est compliqué à faire ?
Une route de moyenne altitude pour doubler le pont de la Rivière Saint-Etienne, c'est tellement évident. En zone tropicale un réseau routier non maillé, sans alternatives valables sur un territoire comme le notre, c'est du suicide économique !
Et les réseaux aériens, l'investissement pour les enfouir ne serait-il pas vite rentabilisé ? Ne créerait-on pas là des emplois pour une durée au moins égale à celle envisagée actuellement pour le BTP ? Surtout que les services et les usages de ces réseaux sont en pleine expansion, et ce pour un avenir assez long, et qu'ils font de plus en plus partie des indispensables de notre quotidien, électricité comme téléphone-internet.
Tout çà pour vous dire que je crois revenir à la case départ (voir premiers articles) où tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut agir, mais que les divergences vont vite apparaître.
Ou alors comme Gamède "Gone with the wind" dans 10 jours qui en parlera encore ?
Et notre fatalisme nous fera prendre comme d'habitude notre mal en patience pour traverser le pont unique, la route du littoral basculée,... sans que les actions urgentes ne soient entreprises, puisque le soleil sera revenu, que les légumes repousseront et que tout ira à nouveau très bien ... madame la Marquise.
Me prendrais-je pour Don Quichotte ? Comme lui suis-je un peu fou ? Sans doute, mais le peu de lucidité qu'il me reste me fait penser que l'on n'a pas encore pris le chemin du développement très durable !